J’ai trop vu. Trop vu de plaintes. De plaintes infondées. Irréalistes. Non, une nouvelle ne laisse pas sur sa faim. Non, une nouvelle ce n’est pas « trop court ». Avec cet article, je vais tâcher de vous expliquer pourquoi, pourquoi le format nouvelle m’attire tant, aussi bien comme lectrice qu’écrivaine. Parce que j’aime les nouvelles, pourquoi pas vous ?
Une nouvelle, c’est quoi ?
Paf, on commence par une question existentielle. Bah oui, c’est vrai, une nouvelle c’est quoi ? C’est un texte court, oui, je ne suis pas là pour vous contredire sur ce point. Un texte court qui se caractérise par une structure bien définie : une introduction, un élément déclencheur, le déroulement de l’intrigue, la résolution finale, la chute. Oui, vous avez du voir ça à l’école, et bien, c’est pareil pour les textes contemporains. Même si la structure est bien moins marquée, on la retrouve néanmoins.
Charles Baudelaire nous parle de la nouvelle, dans l’Art romantique :
« Son effet est plus intense ; et comme le temps consacré à la lecture d’une nouvelle est bien moindre que celui nécessaire à la digestion d’un roman, rien ne se perd de la totalité de l’effet. »
Faire passer un message…
La nouvelle a ça de magique que de faire passer un message parfois clair, parfois obscur, en quelques lignes. Elle nous fait réfléchir sur la vie, nous mettant en face de différents problèmes parfois durs, parfois plus légers. À travers ces textes courts, les auteurs peuvent traiter des sujets plus difficiles, des sujets qu’ils n’auraient pas eu le courage ou l’envie de traiter sous format plus long. On peut par exemple citer des textes comme Le trottoir de Kalya Ousmane ou encore Je vous hais de Céline Theeuws.
Court…
Comme c’est court, c’est forcément mauvais ? Comme c’est court, ce sera forcément frustrant ? Je pense que la plupart des gens ont une idée très arrêtée sur ce format de lecture. Une idée pas forcément très juste. La nouvelle est un format court, oui, elle peut faire 5 pages ou même 30. La nouvelle n’est pas un début de roman, comme j’ai l’impression que certains le pensent. La nouvelle a un début. La nouvelle a une fin. Et la nouvelle a même une intrigue et des personnages. Certes, ceux-ci ne sont pas étoffés au point de tout connaître de leurs pensées, de leur passé. Certes, l’intrigue n’a rien d’un polar à la Agatha Christi. Mais, les nouvelles cachent parfois bien des surprises… Elles peuvent être douces, romantiques, comme Plume, merveille de l’Océan de Mélodie Smacs. Ou encore dures, incisives, marquantes comme Les bouches rient de moi de Lebis Bastien. Ou même douces, nostalgiques, mélancoliques, à l’image de L’Appartement de la Marquise de Carabas. Et, je pourrais continuer comme ça pendant des heures. Des heures et des heures, parce que chaque texte, quelle que soit sa longueur, a toujours quelque chose à nous dire.
Intense…
Comment nous faire ressentir des sensations, des émotions, en si peu de pages ? Comment l’auteur parvient-il à nous happer parfois, dès les premières lignes et ne plus nous lâcher pendant les 6 autres pages qui constituent son texte ? Parce que oui, c’est ce qui arrive. Oui, en si peu de lettres, en si peu de mots, on rentre dans l’histoire et on se laisse voguer au rythme de la lecture. Le texte est souvent intense. Nous faisant ressentir une ambiance particulière. Parfois douce, parfois torride, parfois calme, parfois insolite, parfois angoissante… Tous les genres existent aussi bien pour les romans que les nouvelles et souvent, tout le temps, les nouvelles sont un condensé d’émotions. L’intensité, propre à la taille du texte, fait qu’on en vient à ressentir des sensations rapidement, et sur un temps restreint. On peut avoir peur, être dégoûté, avoir envie de pleurer, ou encore garder le sourire aux lèvres… Tout ça, c’est la nouvelle. Et bien plus encore.
J’en lis, j’en écris…
Avec les nouvelles, s’il y a quelque chose que j’apprécie particulièrement en tant que lectrice ou écrivaine, c’est qu’on doit aller à l’essentiel. Ne pas se perdre entre les sous-intrigues, les personnages secondaires ou que sais-je encore. On va droit au but. On ne se disperse pas. On raconte notre histoire, et on s’arrête là. Le format en lui-même est parfaitement adapté aux trajets en transport en commun. Moi qui fait des allers et retours tous les jours pour aller à la fac, ne vous étonnez plus que je dévore des nouvelles. Et puis, peut-être aussi parce que je suis feignante. J’ai envie d’une histoire. Pas un pavé long de 600 pages, je veux une histoire courte, claire et sans écarts. J’opte pour une nouvelle. En tant qu’écrivaine aussi. Je n’ai pas envie d’écrire un roman super long, je veux qu’on lise mon histoire telle quelle, sans rien autour, juste ce que je veux que les lecteurs en lisent, j’écris une nouvelle.
Je ne sais pas si j’ai réussi à vous convaincre. Ou au moins à vous intriguer. Si vous avez besoin de conseils pour une nouvelle, n’hésitez pas à me demander. Vous pouvez d’ailleurs retrouver tous mes avis concernant les nouvelles, recueils et novella par ici.